CEFC

Analyse des élections présidentielle et législative à Taiwan

 01/18/2012

 14:30
 Academia Sinica, Taipei

Frank Muyard, Visiting Scholar, Center for Asian Studies, University of Colorado, Boulder; CEFC Researcher

18 January 2012, Conference Room 1, RCHSS, Academia Sinica

 

  Le 14 janvier 2012, les électeurs taiwanais sont appelés aux urnes pour la cinquième élection présidentielle au suffrage universel direct du pays. Pour la première fois, ce scrutin est organisé conjointement aux élections pour le renouvellement du Yuan Législatif. Après sa large victoire en 2008, le président taiwanais Ma Ying-jeou se représente pour un deuxième mandat de quatre ans, associé cette fois-ci au premier ministre Wu Den-yih sur le « ticket » du Kuomintang (KMT). Face à eux, le ticket du Parti Démocratique Progressiste (DPP, Minjindang) est mené par Tsai Ing-wen, présidente du parti depuis 2008, avec le secrétaire général du parti et ancien ministre Su Jia-chyuan comme candidat à la viceprésidence. Cette année voit aussi une troisième candidature à la présidence, celle de James Soong Chu-yu, président du Parti du Peuple (PFP, Qinmindang) et son colistier Lin Rueyhsiung. Ma Ying-jeou fait face à une réélection difficile après plusieurs années de sondages défavorables, une économie en phase de restructuration et marquée par des inégalités sociales croissantes, et une opposition revigorée par la rénovation et le recentrage du DPP sous la houlette de Tsai Ing-wen. La présence de Soong accroît aussi la possibilité d’un succès du DPP profitant d’une dispersion des voix bleus entre les candidats du KMT et du PFP.

    Aux législatives, le mode de scrutin est à un tour et mixte, avec 73 députés élus directement dans des circonscriptions uninominales, et 34 élus à la proportionnelle sur liste de partis (plus 6 sièges réservés aux candidats aborigènes). Si la campagne présidentielle tend à mobiliser l’attention des médias nationaux et des capitales étrangères, la bataille sur le terrain est tout autant occupée par l’issue des législatives, avec pour la première fois la possibilité d’un “vote séparé” (split voting), non seulement entre le scrutin uninominal et le scrutin de liste, mais aussi avec le vote pour la présidence. En conséquence, les deux élections pourraient rendre des résultats politiquement différents, menant au retour d’une division du pouvoir entre l’exécutif et le législatif ou à la formation de nouvelles coalitions politiques.

    Après une analyse des résultats de l’élection, on se penchera sur les conséquences politiques de ces scrutins et les perspectives qu’ils ouvrent tant pour la situation politique intérieure, que pour les relations avec la Chine et avec les Etats-Unis, garants du statu quo dans le détroit de Taiwan.

 

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Frank Muyard est chercheur invité au Center for Asian Studies, University of Colorado Boulder, et chercheur associé au CEFC Taipei dont il fut directeur de 2004 à 2009.  Parmi ses récentes publications : “The Formation of Taiwan’s New National Identity since the End of the 1980s,” in David Blundell, ed., Taiwan Since Martial Law (Berkeley, University of California Press & Taipei, National Taiwan University Press, 2011). Et : “Relations Taiwan-Chine: la nouvelle politique chinoise de Ma Ying-jeou”, in Jean-François Sabouret, ed., L’Asie-Monde. Chroniques sur l’Asie et le Pacifique 2002-2011 (Paris, CNRS Editions, 2011)

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