Oliver Streiter
linguiste et informaticien, maître de conférences à l’université nationale de Kaohsiung
Vendredi 18 septembre 2015, 14h30
Salle de conférence 202, Centre de recherches en humanités et sciences sociales (bâtiment 31 sur la carte ci-jointe), Academia Sinica
Les cimetières, les tombes et les pierres tombales des Penghus (澎湖群島, Pescadores) ne ressemblent guère à ce que l’on trouve à Taiwan. Selon les îles de l’archipel, entre 10 et 40 % du terrain sont consacrés à donner un lieu de repos aux ancêtres. Abandonnées ou avec des inscriptions érodées il y a des siècles, le culte local des ancêtres semble aux Pescadores, particulier. En outre, aux Penghus, la colonne, typique des tombes japonaises, sert encore toujours de modèle pour les pierres tombales. Quant au tanghao 堂號, tradition chinoise, il a été lui aussi adopté de manière plus absolue que n’importe où ailleurs à Taiwan comme nom de lieu d’origine du défunt inscrit sur les stèles.
Comment expliquer ces particularités ? Quelles sont liens d’interdépendance ? Etant donné l’austérité des l’îles, nous devons tourner et retourner chaque pierre pour y trouver les facteurs décisifs d’explication : l’omniprésence des stationnements militaires, la dépendance directe d’une partie importante de la population par rapport du pouvoir politique, le recours aux matériaux locaux (comme le basalte et la pierre de corail) et la violence des vents de la mousson d’hiver. En commençant notre analyse à la période Ming, nous montrerons comment les pratiques se transforment avec chaque changement de régime en Chine, par la nécessité d’éviter des faux pas politiques, d’un côté, et le besoin de garder un marqueur d’identité de groupe social, de l’autre. Ainsi les époquent changent-elles, et avec ces dernières les modèles épigraphiques. En rester au modèle d’antan que l’on souhaiterait choisir pour sa tombe n’est pas nécessairement possible pour celui qui prépare sa future sépulture.
Quant à la matérialité des inscriptions, l’érosion subie du fait des vents et des poussières de sable qu’ils transportent a souvent effacé les traits des sculpteurs locaux sur les support en corail, au plus en deux générations, à la différence des inscriptions sur le basalte, plus chères, gravées par des tailleurs de pierre professionnels, et préférées par les normes officielles. Or, aux Penghu, les célèbres colonnes de basalte se prêtent parfaitement à la taille de colonnes funéraires à la japonaise. Aussi, pour comprendre les pratiques funéraires et épigraphiques aux Pescadores, il faut examiner en quelque sorte la totalité du cycle de vie de chaque pratique, en distinguant les raison de son invention, celles de sa perpétuation, les interprétations que lui donnent chaque génération, et son insuffisance fonctionnelle quand les conditions globales changent, appelant à une technique de remplacement.
L’intervenant :
Oliver Streiter, linguiste et informaticien, maîtres de conférences à l’université nationale de Kaohsiung, où il enseigne la linguistique anthropologique et les sciences humaines numériques. Depuis 2007 il développe une documentation numérique sur les pratiques funéraires et épigraphiques de Taiwan et Penghu en collaboration avec Yoann Goudin, Linda Gail Arrigo, et l’ApSTi (L’institut pour les recherches spatio-temporelles sur l’Asie-Pacifique à l’université national Chengchi), dirigé par David Blundell et Andy Jan.
Séminaire en français
Antenne de Taipei du CEFC
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