Philippe CHEVALERIAS, Maître de conférences à l’Université Charles de Gaulle Lille 3
6 mai 2011
Au cours de l’histoire, le destin de Taiwan a souvent été lié aux politiques menées par les grandes puissances, asiatiques ou occidentales, désireuses de protéger leurs intérêts politiques et économiques dans la région. Ce fut particulièrement le cas entre la fin des années 1930 et le début des années 1950 lorsque, en l’espace de seulement quelques années, l’île a été « ballotée » entre influences japonaise, chinoise et américaine. Pris dans un jeu politique qu’ils ne pouvaient contrôler et dont les enjeux les dépassaient, les Taiwanais furent ainsi entraînés dans la guerre par le Japon, avant d’être exploités économiquement, et réprimés politiquement, par la Chine nationaliste. Séparée du continent en 1949, Taiwan fut ensuite privée de son principal partenaire commercial : la Chine. Loin d’être préjudiciable, cette séparation s’avéra au contraire éminemment bénéfique à l’économie taiwanaise. Tandis que la nécessité économique obligeait Chiang Kai-shek à se rapprocher de l’ancien colonisateur japonais, la défense des intérêts géo-stratégiques américains conduisit Washington à soutenir l’île militairement et financièrement. C’est ainsi que le Japon et les Etats-Unis devinrent la force motrice du développement économique taiwanais d’après-guerre.
S’appuyant principalement sur les rapports et notes économiques écrits par les représentants britanniques présents à Taiwan au moment de la rétrocession de l’île à la République de Chine, et sur des sources en langue chinoise (statistiques, ouvrages historiques), cette communication insiste sur l’interaction entre facteurs politiques et économiques de ces années de transition.