Nicolas CONDEMINE, Doctorant à l’Université Aix-Marseille
11 avril 2014 (joint seminar EFEO-CEFC)
Jadis, les Atayals formaient une société agricole et patriarcale basée sur les principes de Gaga, de Lyutux et de Msgamil, ainsi que sur la distinction des rôles entre les hommes et les femmes. Ces dernières étaient en particulier connues pour leur habileté au tissage, savoir-faire transmis de mère en fille. L’arrivée progressive des Chinois sur Taiwan dès le XVIIe siècle, la colonisation japonaise, puis la politique du Guomindang firent se désagréger progressivement la structure sociale du groupe ethnique. Actuellement, nous assistons au retour d’une certaine fierté retrouvée chez les Atayals. Une telle situation pose la question du tissage et de sa place actuelle dans un mouvement de revalorisation identitaire. Ce séminaire, axé sur une analyse ethno-historique, étudiera la place du vêtement au sein de la société des Atayals au cours de l’histoire, et décrira ses transformations jusqu’à aujourd’hui. Il montrera en particulier quelle fut la richesse du vêtement non seulement dans sa forme, mais aussi dans son contenu. Partant du principe que les motifs des tissus reflètent les valeurs de la société d’où ils sont issus, nous montrerons comment le vêtement traditionnel, revisité, relie encore aujourd’hui ses porteurs à leur territoire ancestral. Nous verrons en outre la manière dont les motifs sont utilisés, de façon élargie, dans la mise en valeur du territoire. Ce séminaire, après avoir évoqué le mouvement de revalorisation identitaire, distinguant le rôle des différents protagonistes et des acteurs politiques, posera la question de la transmission du tissage chez les jeunes Atayals. Il décrira le changement opéré dans les méthodes de transmission, et dans l’utilisation du métier à tisser. Nous verrons, dans la pratique, quelles sont les diverses stratégies actuelles de mise en valeur du vêtement, et ce que ces stratégies peuvent apporter à la communauté dans son ensemble.