Alexis MICHAUD
CNRS (CEFC / LACITO)
25 mars 2011
Les « nationalités » définies en Chine à la suite de la Révolution de 1949 reposent en théorie sur une combinaison de critères linguistiques et anthropologiques. En pratique, l’état de la documentation était lacunaire, et les commissions chargées d’assigner une nationalité à chacun des groupes habitant le pays ont opéré province par province, d’où certaines situations paradoxales, comme dans le cas des langue naxi, na et laze qui sont parlées à la frontière entre le Yunnan et Sichuan. Les locuteurs de la langue na sont classés comme « Naxi », mais rejettent cette désignation et revendiquent l’appellation « Mosuo » tandis que les locuteurs de la langue lazé, parlée dans le Sichuan, à quelques dizaines de kilomètres des régions « Naxi », sont quant à eux classés comme « Mongols ». L’exposé illustrera l’apport de la linguistique pour éclairer les relations de parenté entre langues. L’accent sera mis sur le processus historique continuel de différenciation entre ces langues, et entre les groupes humains qui les parlent : cette différenciation laisse subsister des indices probants de parenté.
Docteur en phonétique, chargé de cours à la Sorbonne Nouvelle depuis 2002, chercheur au CNRS depuis 2006, Alexis Michaud enquête depuis 2002 sur les langues du groupe naish (famille sino-tibétaine). En 2011, il est accueilli au CEFC et à l’Institut de linguistique de l’Academia Sinica. Pour une présentation du terrain en cours et de ses publications : http://ed268.univ-paris3.fr/lpp/pages/EQUIPE/michaud/recherche/index.html