Si, à Taiwan, le baseball bénéficie du statut de « sport national », chez les Bunun cʼest le volley-ball, introduit par les missionnaires presbytériens dans la seconde moitié du XXe siècle, qui occupe la place de pratique sportive favorite. Conjointement à sa pratique selon les canons internationaux, les Bunun presbytériens lʼont transformé dans une variante qui se joue à deux ballons et sert dʼactivité principale à leur communauté les dimanches après-midi, à la suite des offices religieux. Systématiquement présentes dans les grandes festivités annuelles, les compétitions de volley-ball sont aussi lʼoccasion de rassemblements ponctuels entre des communautés bunun vivant éloignées dans les montagnes de la Chaîne Centrale. Quels sont les enjeux identitaires de cette pratique du volley-ball par les Bunun ? En quoi sert-elle à la reproduction de leur société, de lien privilégié entre les différentes communautés qui la composent et à organiser les relations avec les autres groupes ? Comment situer cette pratique dans le cadre plus large de lʼespace des sports taiwanais en termes de valeurs et dʼinstitutions ? En quoi les transformations du volley-ball par les Bunun interroge-t-elle la catégorie de « sport » et éclaire-t-elle les mécanismes de diffusion des pratiques sportives à lʼéchelle globale ? Cette intervention tentera dʼapporter quelques éléments de réponses à ce questionnement au travers de premières données ethnographiques recueillies durant lʼété 2014 auprès de plusieurs communautés bunun du canton de Hsinyi (comté de Nantou), et plus particulièrement celle de Mahavun (Jiumei).