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New Research Axe

Méthodologie et épistémologie des études aréales : faire de la recherche en Asie orientale

Cet axe de recherche, qui se déploie au sein des trois pôles de l’UAR3331 « Asie orientale » du CNRS (Tokyo, Hong Kong et Taipei), invite d’emblée à s’interroger sur les dénominations d’une recherche extra-européenne structurée autour « d’aires culturelles ». Critiquées comme sciences de la description ou de l’exotisme – parce que fondées sur une conception statique des espaces qui réifierait la culture – elles sont concurrencées par la notion « d’études aréales », qui n’est pas non plus exempte de biais idéologiques – dans son articulation notamment aux area studies anglophones développées au départ à des fins géopolitiques et utilitaristes (entre développementalisme et foreign policy).

Il n’existe toujours pas aujourd’hui de terme propre pour désigner, les chercheurs spécialistes d’une aire géographique ou civilisationnelle étrangère. Certaines expressions furent longtemps utilisées pour désigner les spécialistes de tel ou tel pays (japonologue, sinologue, coréanologue etc.) mais elles sont aujourd’hui délaissées au profit de périphrases (spécialiste en études japonaises, chinoises, coréennes etc.) permettant d’éviter le caractère holistique et essentialisant d’une hypothétique association entre un « peuple » et un « logos ». Ces changements de dénominations reflètent une réflexion de plus en plus poussée sur le propre de ces recherches ancrées dans les terrains, les matériaux et les langues vernaculaires, et susceptibles par là-même de faciliter un véritable décentrement de la réflexion. Mais si le pouvoir critique de ce que l’on appelle aussi « les savoirs situés » est désormais largement reconnu, de nombreuses questions épistémologiques demeurent.

Cet axe transrégional propose d’aborder, à partir des travaux de chercheuses et chercheurs qui travaillent de manière située avec l’Asie de l’Est, leurs enjeux méthodologiques, leurs caractéristiques propres et leur articulation aux autres disciplines des sciences humaines et sociales. Comment penser le propre de l’autre sans l’essentialiser ? Y a-t-il une dimension épistémologique et théorique propre de la recherche en Asie de l’Est ? Quels sont les écueils à éviter quand on fait du terrain en Asie orientale ? Comment faire face aux terrains sous contraintes nombreux dans cette région du monde ? Y a-t-il une méthodologie spécifique aux études aréales en Asie de l’Est ? Quelles sont les dynamiques de circulations scientifiques transrégionales qui caractérisent ce champ d’études ? Existe-t-il un écosystème spécifique de la recherche en Asie ?

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